Tout d'abord, il me faut vous expliquer ce qu'est une demo. Dans ce contexte, ce n'est pas un extrait jouable de jeu vidéo ! C'est au contraire une séquence non-interactive calculée en temps réel sur un ordinateur. Elles nécessitent trois principales compétences : en programmation, en musique, et en graphiques (3D ou 2D). Par conséquent, même si une demo peut être créée par une seule personne, les demomakers se réunissent généralement en demogroups, dans lesquels ils partagent leur intérêt pour ce type de création.


We got signal,
Commodore 64

Les demos sont réparties en plusieurs catégories. Chaque type de machine accueille des demos, pas seulement les ordinateurs : Atari, Amiga, Commodore... oui, vous savez, ces vieilles consoles. Les programmeurs se surpassent pour coder sur ces plate-formes. Pour les demos PC, il y a ensuite des sous-catégories, par exemple les demos 4k et 64k, c'est-à-dire des demos qui doivent tenir en un seul fichier de taille maximale 4096 octets et 65536 octets respectivement. Et 4096 octets, c'est ridiculement petit ! En comparaison, un fichier OpenOffice vide fait déjà 7813 octets. Et les jeux actuellement sur le marché se comptent en gigaoctets... C'est pour cela que généralement les textures 2D et modèles 3D doivent être générées par le programme plutôt qu'être définie en mémoire (je vois souvent le terme "procédural" pour signifier généré par le programme), et les musiques enregistrées dans un format proche du MIDI. Enfin, le web fait son apparition puisque WebGL permet de faire de la 3D sur une page dans le navigateur.

Red, demo gagnante de la compétition PC 4k. 4096 octets !!!


Miam !

Plusieurs centaines de personnes sont donc venues du 12 au 14 août 2011 à l'Abenteuerhallen Kalk à Cologne. Pas que des allemands, puisque j'y ai rencontré plusieurs français, et on entend souvent parler anglais. Pour certains, l'événement est à suivre du début à la fin, avec un ordinateur et un sac de couchage sous le coude. Pour d'autres, ce n'est qu'une visite pour admirer les œuvres présentées ou bien simplement pour savourer l'ambiance. Il paraît que l'Evoke a un côté familial par rapport à d'autres demoparties : tout le monde se connaît et se retrouve chaque année. Je ne peux pas dire le contraire : dès mon arrivée, je suis accueilli par un groupe de demomakers ! J'avais peur de passer le weekend seul, me voilà rassuré. Les gens parlent entre eux, se réunissent autour du barbecue... bref ce n'est pas un weekend où l'on reste devant son ordi.


Eh Kolia, une rousse !

Je dirais que la plupart des résidents étaient âgés entre 25 et 35 ans. Ceci dit, j'ai rencontré des visiteurs plus vieux, qui m'ont dit avoir fait des demos par le passé mais qui n'ont plus le temps d'en faire aujourd'hui. Cela ne les a visiblement pas empêchés de venir assister aux présentations. Autre chose importante à noter, il y avait des femmes ! Certes, la plupart ne participait pas à la création des demos mais accompagnait seulement leur petit ami. N'empêche que, ces manifestions ne sont pas réservées qu'aux hommes, tout le monde a le droit de les apprécier, ne serait-ce que pour l'ambiance qui s'en dégage. Et puis, il paraît que l'entrée est gratuite pour les femmes...

Le déroulement de l'événement est assez simple : il y a régulièrement des dates limites de dépôts pour chaque catégorie de demos, suivies peu de temps après par leur présentation. Cette année à l'Evoke il y avait les catégories PC, PC 4k, PC 64k, alternative platforms (donc autres que PC), ainsi que des catégories moins basées sur le code : animations, musiques et graphiques. Après les présentations, tous les visiteurs peuvent voter pour leurs œuvres préférées. Car ce sont bien les visiteurs eux-mêmes qui établissent le classement. Le dimanche après-midi, les résultats sont annoncés au cours d'une longue cérémonie, qui finalement clôt l'événement. En outre, des DJs animaient les nuits, et Kenny Magnusson nous a présenté le système d'éclairage dans le moteur de jeu Frostbite 2 de DICE. La classe.

Neoman, gagnant de la compétition PC 64k.

Cet événement a parmi de m'introduire dans le monde de la demoscene, et qui sait, j'arriverai peut-être à faire ma première démo dans quelques temps. Je ne peux que vous recommander d'assister à des demoparties si vous vous intéressez à l'art numérique ou à la culture geek tout simplement !

On se quitte sur une demo PC qui est en fait l'invitation pour une autre demoparty, la Demodays (anciennement Bünzli) en Suisse, et qui montre que les compositions ne sont pas toujours rythmées sur de la musique électronique !

Plus d'informations sur le site officiel de l'Evoke 2011. N'hésitez à posez vos questions dans les commentaires de l'article.

Vous pouvez retrouver ici les vidéos live des cérémonies d'ouverture et de remise des prix, ainsi que de pas mal de demos.

Plus de photos dans mon album Picasa.

Notgames Fest - Ma semaine à Cologne, deuxième partie

Platine - Ma semaine à Cologne, troisième partie

Gamescom 2011 - Ma semaine à Cologne, quatrième partie