Introduction : toute une époque :

A une époque où internet n'en était encore qu'à ses balbutiements, à une époque où la plupart d'entre nous trainait encore des pieds une connexion internet en 56k, le cinéma de divertissement lui, connut un tournant grâce à deux grosses franchises. En 1999 sortait Matrix, œuvre tout simplement révolutionnaire qu'on le veuille ou non. Les Wachowski ont purement et simplement « actualisé » le cinéma de divertissement moderne et pratiquement au même moment, la franchise X-men voit le jour.

Bryan Singer, fils prodigue, « Elève doué » d'Hollywood a environ 35ans (même année de naissance que Larry/Lana Wachowski) et sera lui aussi l'auteur d'une franchise qui sera à l'origine de pratiquement tout un tas de petits changements dans le monde estival du 7ème art. J'avais 13ans quand j'ai découvert le teaser d'X-men, c'était dans le fameux CD fourni avec le mag Ciné-live (à l'époque où c'était un bon magasine de cinéma aussi). A 13ans quand on est face à ça, après avoir vu et vécu Matrix et X-men premier du nom dans une salle de cinéma, à la sortie on se dit qu'émotionnellement jamais rien ne sera aussi fort quoi qu'il arrive par la suite.

11ans après, Marvel Studios est à l'origine de pas moins de 20 adaptations (sans compter celles des années 70-90). Toujours imité, mais jamais égalé, chaque adaptation de comics présentes des caractères similaires bien visibles à commencer par une structure narrative toujours sensiblement proche de celle que Singer avait rédigée en 2000 pour l'adaptation du premier X-men. Les producteurs d'Hollywood ont désormais trouvé l'un des filons les plus exploitables et juteux pour l'industrie du cinéma et c'est Matthew Vaughn par ailleurs producteur de son état qui s'occupe de nous faire le reboot de la franchise. Après un ultime volet venu clôturer la première trilogie lancée par Singer, X-men 3 l'affrontement final laissa un goût assez amer dans la bouche des fans et ce malgré un gros succès au box-office. Ce qu'il faut savoir c'est que Matthew Vaughn était pressenti au départ pour réaliser ce troisième volet, car Bryan Singer avait purement et simplement abandonné ses bébés pour un autre coup de cœur, celui de réaliser son rêve d'enfant, adapter les nouvelles aventures de Superman avec la Warner. La suite on la connaît tous, le divorce est fait, Singer ne supervisera même pas le 3ème volet de sa trilogie (ni en tant que scénariste, ni en tant que producteur), Vaughn tombera en désaccord complet avec les producteurs durant la pré-production, je cite : « Je n'avais pas le temps de faire le film que je voulais, à savoir un film aussi bon qu'X-Men 2. Et je savais que ce n'était pas possible. Ça a été une décision terrible à prendre au vu de l'opportunité qui m'était faite, mais je ne voulais pas devenir le gars qui serait accusé de faire un mauvais X-Men. J'aurais pu faire quelque chose de cent fois mieux que ce qui a été fait. Ça paraît arrogant, mais je le crois vraiment. J'avais tout storyboardé. Mon X-men 3 aurait duré quarante minutes de plus. Ils n'ont pas laissé de place aux émotions et à la dramaturgie dans ce film, qui n'est qu'un bruyant enfilage de séquences ». Fin de citation. Après un coup de gueule pareil, les fans ainsi que toute la maison mère de la Fox attendent de voir de pied ferme ce que vaut réellement le producteur/réalisateur britannique aux commandes du premier épisode qui annonce donc une toute nouvelle tournure.

X-men Reloaded :

Retour sur les origines de Charles Xavier et Erik Lehnsherr avec s'il vous plait le come-back du fils prodigue Bryan Singer qui revient filer un coup de plume à cette nouvelle entreprise. Officiant à la base comme producteur sur les films de Guy Ritchie depuis Arnaques, crimes et botanique, Matthew Vaughn commença seulement en tant que réalisateur en 2004 sur l'excellent polar british Layer Cake. Si pour sa première réalisation pas mal de personnes ne voyaient en lui qu'une espèce de « Guy Ritchie's bis » force est de constater que le type ne cesse de s'améliorer film après film.

Les thèmes sociaux et politiques sont toujours au cœur de l'histoire, là où Vaughn est intelligent c'est qu'il arrive parfaitement bien à ancrer et situer ses personnages au milieu. Par ailleurs, le film à l'intelligence de se placer et de commencer sur la même séquence d'introduction que celle du tout premier volet. Une idée extrêmement bien venue scénaristiquement parlant, car logique dans le cheminement de cette nouvelle trilogie et il n'est jamais rare qu'à certains moments Vaughn et Singer nous rappel certaines périodes des anciens volets à travers les origines de cérébro par ex, de la future école des mutants ou encore au travers d'un caméo jouissif d'un autre futur X-men assez hilarant.

On pestera sans doute sur le mince développement et l'utilisation de quelques personnages comme Azazel, Riptide ou encore Angel mais qu'importe, la relation entre Charles Xavier et Erik Lehnsherr est tellement intense qu'elle porte à elle seule toute la puissance dramaturgique du scénario. Véritable pierre angulaire du récit, ce lien d'amitié qui se créer au fur et à mesure sonne tellement vraie dans nos cœurs que même en sachant pertinemment son dénouement final, on ne cesse d'essayer d'imaginer un meilleur destin pour ces deux magnifiques personnages. Il y a tellement de séquences poignantes dans ce nouveau volet comme celle de la parabole ou encore celle du sous-marin qu'Erik fait jaillir de l'eau avec Xavier juste à ses côtés, canalisant sa colère et son esprit par la pensée... Bref, ces deux séquences à elles seules portent définitivement ce nouveau X-men au panthéon des grands films de super héros sans oublier la déchirante séquence finale dont je terrai purement et simplement les mots pour ceux qui n'auraient pas encore découvert le film.

Réalisation :

Ce qui est étonnant une fois de plus avec ce nouveau X-men c'est sa simplicité. Jamais le film n'en fait de trop et ne verse dans une avalanche de plans inutiles. C'est toujours bien filmé, bien cadré sans oublier l'atmosphère des années 60 qui fait indéniablement son petit effet, mais c'est surtout dans l'utilisation des pouvoirs de nos héros que Vaughn sublime sa réal à l'image de toute la séquence située dans le château du général russe assiégé par Erik et Xavier. Cette séquence comme toutes celles ou ces deux personnages sont ensemble atteignent purement et simplement des sommets épiques grandement servis par un casting tout juste parfait.

Kévin Bacon qui se fait toujours trop rare à l'écran campe le grand méchant du film tout en retenue, en sobriété évitant le cabotinage non-stop. Ses hommes de main que sont Riptide et Azazel (incarné par un Jason Flemyng méconnaissable) sont quant à eux à peine exploités aux côtés de la ravissante Emma Frost incarnée par January Jones, étincelante en revanche ! Jennifer Lawrence (Raven/Mystique) et Nicholas Hoult (Le Fauve) qui a bien grandi depuis Pour un Garçon incarne un petit couple vraiment attachant. Rose Byrne et Oliver Platt (lui aussi trop rare) en agents de la CIA, classique mais très bon dans leurs registres. Les jeunes nouvelles recrues que sont Havok et Le Hurleur s'avèrent être fun et assez sympathiques. Enfin pour finir, James McAvoy (Charles Xavier) dont c'est le deuxième film estival après Narnia et Wanted jouit d'une excellente interprétation en la présence de Michael Fassbender (Erik Lehnsherr) déjà aperçu dans l'insupportable Eden Lake. L'un ne va clairement pas sans l'autre, leurs premières rencontres est juste magistrales et même si la réussite de First Class est un tout, l'intensité de leurs personnages porte néanmoins une grande partie de la réussite du film sur leurs épaules.

C'est du côté des SFX en revanche que tout n'est pas particulièrement au point. Quelques incrustes sur fonds verts font un peu la tronche et parfois certains maquillages comme celui du Fauve s'avèrent être étrangement raté. Le film oscille effectivement entre le bon et le moins bon de ce côté-là, mais qu'importe, au finale puisque paradoxalement cette fois-ci ce n'est pas forcément durant les séquences à grand spectacle que se situe le véritable plaisir de ce nouveau X-men mais beaucoup plus dans les séquences intimistes entre les personnages.

Conclusion :

Si dans le temps certaines personnes trouvaient Singer parfois radin sur ses scènes d'action, n'espérer clairement pas en trouver davantage dans First Class. Véritable film de personnages avant tout le reste, l'œuvre repose avant tout sur la merveilleuse et intense relation entre Xavier et Erik. A travers cette relation née une vraie preuve d'amour que Matthew Vaughn choisit de rendre à X-men. Si le producteur/réalisateur est effectivement épaulé par Bryan Singer à l'écriture, on ne cesse tout de même de ressentir à travers chaque minute du film l'attention si particulière qu'il porte pour cet univers de super héros qu'il aime tant et qu'il a tant voulu faire depuis longtemps.

Par Vincent N.Van.